Violence Verbale

Les violences verbales :

 quand les mots frappent, et blessent

Contrairement aux violences physiques, les violences verbales ne laissent pas de traces visibles à l’œil nu, mais leurs effets peuvent être tout autant redoutables. A l’école, au sein de la famille, du couple ou dans la rue, elles sont les formes de violences les plus fréquentes et ne laissent personne indifférent. Ces « espèce de ****», « sale **** », « » ou « gros *** » à répétition ne touchent pas la peau, mais s’immiscent en dessous et peuvent engendrer des blessures ravageuses. De l’injure ponctuelle au harcèlement en passant par la taquinerie, focus sur ces coups invisibles aux blessures bien réelles.

Du mot aux maux

Qui n’a jamais dit « t’es con-ne ! » à son/sa meilleur-e ami-e !? Entre potes, les gros mots peuvent être une marque d’affection, une taquinerie, signifiant seulement « tu déconnes là ! », « il/elle a osé ! », « tu me fais rire ! ». C’est un langage codé, impersonnel, un signe d’amitié, c’est juste pour rire. Selon le lien entre les personnes, le ton employé et le contexte, les noms d’oiseaux ne visent pas forcément à être blessants. Ils peuvent même être des petits surnoms affectifs (Coluche a transformé enfoiré en appellation sympa)! Mais attention à leur impact !

Car sous couvert d’humour, les insultes sont banalisées. Lorsqu’elles sont répétées, elles peuvent atteindre l’autre, le heurter, malgré leur première intention. Celui qui reçoit l’insulte n’en a plus la même représentation que celui qui l’émet. Il ne voit plus la plaisanterie mais prend ça personnellement, comme une attaque. Progressivement, la goutte d’eau peut faire déborder le vase. Donc consommez les taquineries avec modération, et variez-les !

Mais la plupart du temps, ce qu’on appelle « violences verbales » visent à causer de la peine, à faire mal, à blesser l’autre, à l’agresser. Elles prennent différentes formes : insulte, injure, moquerie, préjugé, rumeur, propos homophobe, discrimination raciale. Ce qui peut être un mot banal en surface peut avoir des conséquences impensables sur autrui, pouvant aller jusqu’à le détruire.

 

Pourquoi les mots peuvent faire si mal ?

Quand un mot blesse, il y a violence. On ressent un coup au cœur, pouvant engendrer un mal-être plus ou moins profond, plus ou moins intense. La douleur vient du fait que les mots nous touchent dans notre intimité et notre intégrité. C’est notre être tout entier qui est touché en plein cœur par ces mots. Qu’ils génèrent honte, peur ou colère, ces mots affectent nos capacités et blessent ce que l’on est. Porte ouverte au non-respect et à la dégradation, l’insulte frappe l’identité elle-même.

Mépris, rejet, stigmatisation, humiliation, intimidation, provocation : tant de mots en « tion » qui entraînent un sentiment d’exclusion. Les violences verbales focalisent sur un trait, alors perçu comme un défaut. Notre identité se retrouve résumée à ce trait, car nous sommes réduits à un préjugé. Pointé du doigt, on se sent exclu, rejeté, banni. Ce sentiment se trouve amplifié lorsque les insultes entendues en public sont alimentées par l’effet de groupe ou répétées.

 

 

Que faire ? Auteur, victime : tous concernés !

Auteur : Nous éprouvons tous de l’agressivité à certains moments. Ressentir de la violence, de la colère et vouloir l’exprimer est normal et nécessaire à son équilibre. Ce qui ne l’est pas, c’est la rejeter sur quelqu’un d’autre, à ses dépens. Parce que le langage soulage, insulter peut être un moyen (nocif et momentanément seulement !) d’exprimer son agressivité. Mais l’autre n’a pas à être ton punching-ball !

Derrière l’agressivité se cache très souvent une souffrance, une fragilité ou une peur. Les injures et moqueries peuvent cacher une image de soi négative, une difficulté à dire ce qu’on ressent, à s’affirmer et à se (faire) respecter, un sentiment d’échec, de la jalousie, etc. Ainsi, pour se protéger, on va se moquer de l’autre car il nous renvoie quelque chose que l’on ne veut pas reconnaitre en soi, qui nous fait peur ou que l’on a du mal à assumer. C’est ce que l’on appelle la « projection » en psychologie. Si, en groupe, tu te moques ou insultes pour te sentir puissant et aimé, as-tu ce même sentiment et cette même assurance quand tu te retrouves seul ?

Il est important d’être à l’écoute de sa violence. Il ne faut pas la refouler. La reconnaitre et l’accepter peut permettre d’en faire une énergie, en trouvant un mode d’expression différent, créatif, pour la dominer (le dessin, l’écriture, la musique, le sport…). Parler à un professionnel pour essayer de cerner les causes de sa violence peut aussi être un moyen de ne plus la subir et de la transformer.

Victime : Combattre le mal par le mal, répondre à l’insulte par l’insulte, n’est jamais une solution. La réaction violente, la surenchère, n’engendre qu’une escalade de l’agressivité, du conflit et de la haine. Quand les mots ne suffisent plus, les actes prennent le relais… Malgré l’intensité des émotions, il faut essayer de réagir d’une manière calme et contrôlée. Ne pas répondre par l’attaque, c’est être mature car c’est être capable de se protéger. Apaiser les tensions ce n’est pas être faible, c’est être responsable et garantir une issue que l’on peut (encore) contrôler. Tu peux tenter de renvoyer à ton agresseur – d’une voix calme c’est encore mieux ! – les causes possibles de son agressivité, cela va le laisser bouche bée et justice sera rendue 😉 !

Identifier puis accepter ce qui t’a fait mal te permettra par la suite d’imposer ta limite, de dire « non ! Je n’accepte pas ! ». Chacun a ses propres limites, et personne ne peut déterminer pour toi où ta limite se situe. Imposer sa limite, c’est remettre du respect là où l’insulte l’a nié. Ne pas le faire, c’est risquer que la violence, et la souffrance qu’elle engendre, se retourne contre toi ou contre les autres. Aussi, être à l’écoute de ta blessure te permettra d’en apprendre davantage sur toi-même, de connaitre tes fragilités. L’exprimer à ton agresseur peut être un moyen de le déstabiliser, car il ne peut contester ta souffrance.

Que tu sois auteur, victime ou témoin de violences verbales répétées, et lorsque le dialogue est impossible, il est important d’en parler pour sortir de l’isolement et briser la loi du silence. En parler à un adulte viendra désamorcer le conflit entre l’agresseur et la victime, et fixer une limite.

Lorsque ces violences ont lieu à l’école, un professeur, l’infirmière scolaire ou ton CPE peut être cette personne ressource. S’il te semble difficile d’en parler en face-à-face, tu peux dans un premier temps appeler Fil Santé Jeunes au 0 800 235 236 ou par chat’, ou encore écrire dans l’espace  « Pose tes Questions » respective. Ces services sont gratuits et anonymes.

Les violences verbales frappent le respect de l’autre, indispensable pour bien vivre en société. Il est indépendant des sentiments : on peut ne pas aimer une personne mais la respecter. Apprendre à connaitre l’autre dans ses différences et les respecter est la meilleure prévention aux maux des mots !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

l’esprit se souvient de la parole, mais le cœur se souvient de ce qu’il ressent. l’esprit peut oublier mais le cœur ne le fera jamais