L’Exploration Vidéo-ludique pour les animateur.ice.s ! #4 – The Stanley Parable : Ultra Deluxe

The Stanley Parable : Ultra Deluxe : Edition spéciale article en papier ! Ou du moins en papier numérique.


Avant tout, Avertissement au lecteur ! Si vous ne vous appelez pas Stanley et que votre job n’est pas de taper sur des boutons sur un clavier, fermez immédiatement cet article ! …même si je ne peux pas vous forcer, car… je n’ai pas vraiment de moyen… en fait… je ne suis qu’un article après tout…

The Stanley Parable Ultra Deluxe est un jeu indépendant d‘exploration en vue subjective (ou en vue FPS*) centré sur l’histoire et les choix du joueur. Mis en vente le  Le jeu est une sorte d‘expansion du précédant opus, The Stanley Parable, lui-même une adaptation standalone* d’un mod de Half Life 2 au titre éponyme. Crée par Crows Crows Crows, le jeu est développé sous Unity, mais les opus précédant était sous le moteur Source, le moteur principale des jeux de la compagnie Valve. Le jeu a reçu un excellent accueil (93-97% votes positif sur Steam, 88 sur Metacritic)

FPS : Acronyme de First Person Shooter, ou Tir à la Première Personne. Cela désigne les jeux dans lesquels nous voyons à travers le point de vue direct de notre personnage. 

Standalone : En jeu vidéo, on désigne un “standalone” une modification (mod) d’un jeu qui ne requiert pas le support de ce dernier pour pouvoir être joué. Les modifications apportées peuvent être plus ou moins importante. (Dans le cas de “The Stanley Parable”, elles sont très importantes) 

  • Disponible sur PC, Mac OS, Linux, Switch, PS4 et PS5, Xbox One et Series 
  • PEGI 12 (Injures modérés, certain thèmes profonds) 
  • 25€, promotions fréquentes sur Steam 
  • Une machine décente est recommandée, mais ce n’est pas mandataire (ce n’est pas grave si ça rame) 

Quoi de mieux pour introduire le jeu qu’un Effet Droste de l’écran titre ?

Dès les premières secondes du jeu, on nous prévient à l’avance que The Stanley Parable sera une expérience vidéo-ludique hors du commun.

Unique en son genre.

Le jeu commence avec une introduction, où un narrateur nous présente Stanley ; l’employé numéro 427 dont la mission principale est de taper sur des touches à la demande des instructions sur un écran. Mais un beau jour, tous les employés sauf lui ont disparus et aucun message n’est affiché à l’écran. 

C’est alors que vous prenez contrôle de Stanley, le gameplay est ultra-simpliste : Vous pouvez bouger, regardez aux alentours avec la souris et interagir. C’est tout. Ceci dit, vous serez aidé par le narrateur du début de l’introduction qui vous donnera toutes les indications à suivre. 

Et le jeu se résume à ça : Vous interagissez avec l’environnement, vous suivez les directions du narrateur qui vous suivra durant tout votre périple et ce sans même pouvoir le voir une fois, il n’y a que sa voix. Ainsi, vous finirez le jeu assez rapidement, avec une fin des plus grandiose accompagné d’un paragraphe de fin quasi poétique de la part du narrateur. Puis retour à l’écran titre et Fin ! 

Les environnements du jeu semblent, à premier vue, simples et basiques.

Mais ces murs de bureaux cachent en réalité bon nombre secrets.

Qui y mènent d’autres salles menant vers d’autres endroits, voir vers d’autres univers..

Bon, évidemment le jeu est bien, biiien plus complexe qu’il en a l’air. En fait, on remarque vite un détail très important du jeu : si le narrateur nous avait guider vers le chemin de la fin, “Stanley Parable” ne nous empêche pas de prendre une autre direction. Pas de mur invisible, pas de punition ou d’avertissement pour avoir pris le mauvais chemin… Et c’est à ce moment que le jeu commence véritablement. 

Si le gameplay ne change quasiment pas, (ou seulement à de rares occasions) ça sera le choix de vos actions qui impacteront sur l’histoire du jeu, si on peut appeler ça une histoire. En effet, “Stanley Parable” n’hésitera pas à prendre des directions inattendues, où l’on pourrait se retrouver dans des situations surprenantes et bizarres. 

Et même dans ces situations, nous serons parfois confrontés à un choix que nous devrons prendre, ou nous avons vu un autre chemin dans une salle caché, qui nous amènera dans une autre situation plus ou moins invraisemblable. L’exploration est le noyau du jeu, et on ne parle pas que d’exploration des environnements, il faut tout tenter. 

Stanley Parable Ultra Deluxe est rempli de chemins.

Chacun d’entre eux requiert de choisir les bons choix sans se tromper.

Même si certains chemins viennent sans qu’on ne les y attendent, surtout quand on se trompe et qu’au final on découvre quelque chose de nouveau.

Ceci dit, il ne faut pas considérer le jeu comme une simple balade solitaire un peu inhabituel. L’un des éléments capitaux du jeu et de ce pourquoi il est aussi reconnu et populaire, c’est son narrateur. Et oui, ce dernier vous suivra toujours, même si vous désobéissez à ses ordres. Et il vous suivra partout, sans qu’on ne puisse le voir. 

Lui-même conscient de sa place dans ce monde étrange, le narrateur réagira et agira en fonction de vos actions dans le jeu. A travers l’avatar de “Stanley”, il jugera, rigolera, questionnera, désespérera… Bref, celui qui narre notre histoire semble montrer beaucoup plus d’émotions qu’il n’y paraissait. Il prendra parfois le contrôle de l’environnement du jeu, afin de le changer à sa guise, mais difficile de le désigner comme un être omnipotent car parfois certaines choses lui échappent. 

S’il y a d’autres personnages plus ou moins loufoque, le narrateur et notre avatar Stanley sont ceux qui occupe la majorité du jeu. La relation entre lui et Stanley est compliqué, et change très souvent dans la façon dont nous jouons le jeu. Surtout que Stanley lui ne parle jamais, en fait la manière dont les choses sont présentés fait que le narrateur parlerait plutôt à nous à travers Stanley… ou pas ! Formulé comme ça, on a l’impression que le jeu briserait ses propres règles… 

Il est à noter que le jeu se veut être comique.

Que ça soit avec le narrateur ou dans les situations étranges que Stanley se trouve. 

La grande partie du jeu est rempli d’humour, avec de rares exceptions. 

Et bien voilà la partie la plus intéressante du jeu : son côté méta* ; c’est à dire sa façon de briser le quatrième mur et de s’outrepasser des règles standards du jeu vidéo. C’est un jeu qui se brise lui-même, faisant références aux précédant opus, s’autocaricaturant en montrant l’absurde de certains de ses évènements. Il fait une satire des modalités du jeu vidéo ou même de la narration en général. Bref, il se déconstruit. 

C’est comme si le jeu était conscient de lui-même, jusque dans les menus des options ! Parfois notre point de vue est transporté ailleurs que vers Stanley, dans d’autres cas certaines mécaniques typique de jeux vidéo sont introduits, pour ensuite être parodié et satirisé. Et le tout sans oublier les critiques subtils fondés faites à l’industrie vidéo-ludique. The Stanley Parable Deluxe Edition est une parodie de jeu vidéo… tout en restant réellement un jeu vidéo. Même son titre est satirique. 

Et c’est pour ça qu’il est devenu aussi iconique et culte dans le milieu vidéo-ludique ; non seulement il est drôle et intelligent, mais il est surtout important. C’est une œuvre qui remet en question nos présupposés du jeu vidéo. Il nous montre comme un tel milieu peut être utilisé pour déconstruire ce dit milieu, et se demander jusqu’à quel point est-ce réellement un jeu vidéo ? Le tout est sur ton d’humour oui, mais il en reste que Stanley Parable, en jouant avec nos présupposés, nous délivre une expérience vidéo-ludique surréaliste, sur un environnement absurde et amplifié d’un subtil commentaire sarcastique mais sans tomber dans la moquerie, de l’univers vidéo-ludique en lui rendant hommage.  

Meta : *Ce terme à plusieurs significations, même au sein du lexique vidéo-ludique.* Dans ce cadre, il signifie une auto-dérision de l’œuvre, souvent avec le procédé d’une mise en abime.

L’Ironie.

Pour être honnête il est assez difficile de décrire précisément ce que Stanley Parable est concrètement.

Mais je pense que cette image résume bien tout le jeu.

 

Le jeu n’est pas si long si on se dépêche : 3-4 heures, mais si on prend son temps à explorer les 42 fins jusqu’a à l’épilogue finale, on a pour plus de 10 heures de jeu. Ce jeu n’est pas fait pour tout le monde, son gameplay est ultra-simpliste, peut-être trop court ou primitif pour ce qu’il demande, et il n’y pas de doublage français.  

Mais il ne faut pas enlever les qualités évidentes du jeu, même en dehors de son écriture et ses aspects. Une bande son mémorable et iconique, un sound design minutieux et une voix off de narrateur d’une qualité exceptionnel délivré par Kevan Brighting qui s’est fait un nom au sein de la communauté vidéo-ludique tellement qu’il a 

C’est une expérience particulière à ne pas manquer, une série d’aventures captivantes malgré un manque de gameplay avancé et surtout, une façon très intelligente de commenter sur les narratifs et autres aspects du jeu vidéo en général. 

Et même lorsque vous fermez le jeu, Stanley Parable continue. Il suffit de réouvrir le jeu pour le voir… 

La fin n’est jamais la fin.